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Ce devait être l’un des volets phare de la réforme relative à l’assurance maladie discutée et votée en 2004 par Philippe Douste-Blazy et Xavier Bertrand. Croix de bois, croix de fer, le DMP devait être généralisé en 2007 et il était même prévu de contraindre les plus récalcitrants en les menaçant de non remboursement.
Cinq après : patatras. Le dossier n’est par sorti des multiples expérimentations, a donné lieu à de violentes passes d’armes entre les différents protagonistes et s’est avéré un gâchis tout à fait formidable.
Dans le courant de l’année 2009, une nouvelle structure baptisée ASIP pour Agence des systèmes d’information partagés de Santé a vu le jour suite aux conclusions remises par Michel Gagneux. Parmi les préconisations ont figuré le redémarrage du chantier DMP dans une version allégée, simplifiée. Ainsi, un appel d’offres est aujourd’hui en cours pour sélectionner l’hébergeur des données électroniques car comme le rappelle le Figaro « l’idée reste celle d’un dossier en ligne et non pas sur un support détenu par le patient comme une clé USB ». En termes de délais de réalisation, Jean-Yves Robin, directeur de l’ASIP, indique que le prestataire devrait être choisi dans le courant du mois de mars et que les premiers dossiers pourraient être ouverts d’ici à la fin 2010.
Instruit par l’échec, M. Robin n’indique aucun plan précis de montée en charge, précisant que les Français mettront deux ans ou plus pour s’approprier l’outil. L’ASIP, qui emploie 120 personnes, disposerait d’un budget de fonctionnement de 90 millions d’euros pour gérer et préparer de multiples projets liés aux traitements informatisés des dossiers médicaux, en particulier pour l’hôpital.
Notons que la relance du projet DMP intervient à un moment où l’université de Harvard vient de publier une étude auprès de 4000 hôpitaux américains selon laquelle l’informatisation n’aurait pas fait économiser un quelconque centime ni amélioré l’efficacité administrative des établissements.
L’étude précise que les investissements informatiques massifs ont souvent coûté beaucoup plus que prévu et se sont adressés en priorité aux personnels administratifs avec une efficacité toute relative et non pas aux personnels soignants. Cette étude sort au moment où le gouvernement fédéral américain prévoit d’investir près de 20 milliards de dollars pour le développement de l’informatique médicale.