Texte original sur republicain-lorrain.fr
La ministre de la Santé a remis en selle jeudi le Dossier médical personnel (DMP), qui a accumulé les déboires depuis l'annonce de sa création en 2004, en promettant une « première version nationale » dès 2010, tout en prévenant qu'elle serait « modeste. »
Le but du DMP est de donner à chacun un accès électronique à ses données de santé et de faciliter la coopération entre les différents professionnels de santé s'occupant d'un même patient. "Dès l'année prochaine, en 2010, une première version nationale du DMP sera déployée. Les Français pourront ouvrir leur DMP chez leur professionnel de santé, voire à l'hôpital et ils pourront ensuite le consulter sur internet", a-t-elle indiqué lors d'une conférence de presse au ministère de la Santé.
Lancé en 2004, et alors présenté comme la pierre angulaire de la réforme de l'assurance maladie, le DMP devait être opérationnel dès 2007. Mais le projet a accumulé les déboires, plusieurs rapports épinglant l'irréalisme et les approximations du projet initial.
A son arrivée au ministère en 2007, Mme Bachelot avait admis que le projet était "au point mort" et s'était engagée à le relancer rapidement. "Dès les prochains mois, des projets pilotes de DMP seront lancés en région", portant par exemple sur le suivi du diabète ou la mise à disposition des radiographies, a-t-elle expliqué jeudi, citant l'Aquitaine, la Franche-Comté, la Picardie et Rhône-Alpes.
Ces projets régionaux devraient ensuite être généralisés à partir du troisième trimestre 2010 pour former une "première version nationale". Elle devra être nourrie par les médecins de données portant par exemple sur les allergies des patients, les prescriptions de médicaments, ou les comptes-rendus de consultations.
Des "services" y seront associés, comme les rappels de vaccins, la réception de résultats d'analyse. Mais encore faudra-t-il que médecins et établissements de santé soient équipés et impliqués. Pour les hôpitaux, lourdement endettés, se posera la question de l'investissement. La première version du DMP sera "sans doute modeste", a d'ailleurs prévenu Mme Bachelot.
La généralisation à tous les acteurs de santé et patients "va se faire sur une dizaine d'années", a expliqué Michel Gagneux, inspecteur général des affaires sociales, chargé jeudi d'"une mission sur la gouvernance nationale des systèmes d'information de santé".
"C'est donc la quatrième relance à laquelle nous participons", a ironisé Christian Saout, pour Collectif interassociatif sur la Santé (Ciss), regroupement d'associations d'usagers, présent au ministère jeudi. Le Ciss s'était notamment opposé aux premières ébauches de DMP, estimant que les garanties étaient insuffisantes pour la protection des données de santé, comme l'avaient aussi jugé le Comité consultatif national d'éthique et la Commission nationale informatique et libertés (Cnil).
Sur ce point, le ministère assure que "la priorité sera donnée à la sécurité et à la confidentialité des données". "L'ennui avec la confiance, vous le savez bien, c'est qu'elle part au galop et qu'elle revient à petits pas", a prévenu M. Saout, saluant toutefois le "changement de méthode" du gouvernement.
La ministre a confirmé que les patients pourront refuser d'avoir un DMP, s'engageant à supprimer les pénalités financières prévues initialement pour les réfractaires. Mme Bachelot a aussi pris ses distances avec l'ambition initiale de faire plus de 3 milliards d'euros d'économies par an grâce au DMP. Celui-ci "est d'abord et avant tout un grand projet de santé publique", a-t-elle dit.