Accès des patients au DMP: le président de l'Asip santé annonce des expérimentations en 2011

TICsanté.com - 11 octobre 2010

Texte original sur ticsante.com

PARIS, 11 octobre 2010 (TICsanté) – L’accès des patients au dossier médical personnel (DMP) fera l’objet d’expérimentations en 2011, a annoncé le président de l’agence pour les systèmes d’information partagés de santé (Asip santé), Michel Gagneux, à l’occasion d’un débat organisé le 6 octobre à Monaco, lors des Assises de la sécurité et des systèmes d’information.

Les Français disposeront d’un accès à leur dossier médical personnel, selon des procédures qui seront testées et validées par l’Asip santé à partir de 2011. "Le système qui a été conçu prévoit évidemment des dispositifs d’accès au DMP pour les patients, qui posent un certain nombre de problèmes en termes de confidentialité, de sécurité et d’ergonomie. C’est la raison pour laquelle nous avons pris l’option de faire des expérimentations dans ce domaine en 2011, pour être certains que les modalités d’accès des patients à leurs DMP se font dans les meilleures conditions en termes d’usage", a indiqué Michel Gagneux.

Le président de l’Asip santé a justifié la nécessité de telles vérifications par leur influence sur l’acceptation du DMP par la population. "Nous sommes en permanence sur le fil du rasoir pour trouver le bon compromis entre la facilité d’usage et la sécurité (…). Si l’espace de confiance n’est pas vécu comme crédible par les citoyens, à mesure que se développeront les usages d’échange et de partage de nos données de santé à caractère personnel, nous nous exposons au risque d’un rejet et d’une méfiance de la société vis-à-vis de ces systèmes".

Cette annonce confirme l’engagement de la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, qui déclarait lors d’un déplacement à Bordeaux, le 22 juillet, que "les patients disposeront d’un accès direct à leur DMP via l’Internet (…) déployé progressivement en 2011". A Monaco, Michel Gagneux n’a pas plus précisé quelles modalités ni quels droits seront expérimentés, ni avancé de calendrier pour ces essais.

Il a, en revanche, rappelé le rôle de son agence dans la mise en œuvre du DMP, comme des autres systèmes d’information de santé. "L’Asip santé est un opérateur, dépositaire d’une délégation de maîtrise d’ouvrage de l’Etat. Le vrai pilote, c’est la puissance publique, c’est le ministre".

Les industriels soutiennent ce "pilote clairement identifié et une stratégie que l’on commence à bien discerner, poussée par la puissance politique", a témoigné Yannick Motel, délégué général de la fédération industrielle Lessis (Les entreprises des systèmes d’information sanitaires et sociaux), qui participait également à cette table ronde, intitulée "Acteurs de la sécurité: de la prise de conscience au passage à l’acte, l’heure de la convergence ?".

Il a toutefois rapporté "une petite inquiétude, dans l’hypothèse où il pourrait y avoir un changement de casting gouvernemental (…). C’est une préoccupation des industriels, qui travaillent depuis deux ans en concertation avec l’Asip santé. Nous aimerions mieux ne pas avoir à tout recommencer si un tel événement pouvait survenir".

Michel Gagneux a néanmoins considéré que les travaux accomplis jettent les fondations d’une tâche bien plus vaste. "Ce qui est en train de se mettre en œuvre n’est encore que du papier, de l’intention, un cadre qui va permettre à l’action de se déployer. L’essentiel reste à faire (…). Nous avons devant nous encore 4, 5, 6 années de travail extrêmement important".

Dans cette perspective, les investissements financiers sont une préoccupation plus durable que l’identité des décideurs politiques. "Comment va-t-on financer tout ça ? Le sujet n’est pas tranché (…). Si l’on veut vraiment moderniser le système d’information de santé de notre pays, il va falloir réfléchir à trouver les moyens nécessaires", a souligné Yannick Motel.

"Comparée à d’autres pays dans le concert mondial, la France caracole en fanfaronnant dans la queue de peloton en matière d’investissements consacrés aux systèmes d’information de santé", a-t-il ajouté.